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2 mars 2014 7 02 /03 /mars /2014 21:46
  • Cela fera bientôt cinq ans, nous dit-elle, qu'elle est entrée ici. C'était au mois de juin.

    D'abord, elle était avec son mari, il avait été gravement malade, elle n'était pas très solide elle non plus...

    Ils ont accepté d'être transférés directement de l'hôpital à la maison de retraite.

    Quand il est mort , deux ans après, elle n'a pas voulu qu'on la transfère dans une chambre individuelle,

    il lui semblait qu'il était encore là dans cette chambre où ils avaient passé leurs derniers mois

    de vie commune...Sans doute pensait-elle qu'elle allait bientôt le rejoindre...

    Mais non, la vie est plus forte.

    Elle ne se plaint jamais...Je l'ai toujours connue avec le sourire...Mais, à présent, chaque fois que je vais la

    voir, j'ai l'impression de la voir se retrécir, elle nous offre un sourire désolé et ose nous dire par deux fois

    "ce n'est pas drôle"...Elle est très sourde et cela l'empêche de participer aux animations  proposées

    dans la maison. Depuis janvier, elle ne fait plus sa promenade habituelle autour de la résidence, elle a trop

    trop mal aux talons...et elle perd facilement l'équilibre..Mais je vais quand même au rez de chaussée, nous

    dit-elle, je m'accroche à la rampe.

    Heureusement la mémoire demeure fidèle, elle se rappelle des dates avec une précision fabuleuse, elle lit le

    journal de la première à la dernière ligne, elle sait qui se présente aux élections dans sa petite ville, elle

    garde le souci des autres,fait un gentil sourire à sa voisine...Elle se réjouit de pouvoir nous offrir un nougat, il

    lui en reste encore dans sa table de nuit...elle, bien sûr, n'en mange pas, elle n'a presque plus de dents et

    elle ne peut manger que ce qui est mixé...

    Nous nous embrassons très fort avant de partir....

    Comment fait-elle pour garder encore le goût de la vie et savoir encore sourire?

     


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10 avril 2013 3 10 /04 /avril /2013 11:29

  Elle était en colère et elle ne s'aimait pas dans cette colère qui, lui semblait-il, la défigurait.

 

Et elle en voulait à l'autre qui, par son inconscience ou  son indifférence, l'avait mis dans cet état.

 

Et elle s'en voulait à elle-même de n'avoir pas su s'exprimer avec plus d'humour et plus de fermeté sereine...

 

Mais pourquoi donc ne s'acceptait-elle pas telle qu'elle était?

 

Pourquoi toujours guerroyer contre soi?

 

Impulsive et émotive elle était.  Soit!

 

Cette colère qui jaillisait d'elle, il lui fallait l'accepter, découvrir la force de vie qui pouvait en jaillir...

 

Mais pour pouvoir la transformer en force de vie, pour que l'alchimie puisse avoir lieu, il lui fallait découvrir toute la richesse qu'elle contenait... et viendrait alors le temps de la sérénité ferme et tranquille qu'elle désirait.

 

La colère n'est peut-être pas toujours si indésirable.

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17 mars 2013 7 17 /03 /mars /2013 10:14

Il était parti pour la guerre d'Algérie....

 

Elle l'avait regardée partir, le coeur brisé...

 

Elle attendait son retour...

 

Il n'est jamais revenu...

 

Le temps s'était arrêté...elle ne savait plus si elle était vive ou morte....

 

 

Elle ne savait pas si elle l'aimait....elle n'avait jamais pu le lui dire, il était parti trop vite....mais son coeur désormais avair cessé de battre très fort pour un autre être humain...

 

Tout son désir d'amour, elle le reportait sur son chat...Avec ses connaissances, elle ne savait parler que de lui...Il avait le plus beau poil, les gestes les plus élégants...Lui seul méritait son affection.

 

Elle n'était pas malheureuse, disait-elle .. elle avait son chat  .

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14 mars 2013 4 14 /03 /mars /2013 16:01

 

Indigné, révolté !

 

   Jamais il ne l'était.

 

      Ce qui existait

 

         Il l'acceptait

 

            Comme inévitable.

 

 

              Et puis un changement

 

                 C'est de l'inconnu qui vient

 

                    Et il préférait le connu

 

                      L'habituel

 

                        Fut-il inconfortable.

 

 

                           Il préférait la répétition,

 

                              Le monotone.

 

 

                                  Il préférait que ce qui a été

 

                                  Se répète indéfiniment.

 

    

                            Ainsi il vivait

 

                            Ou plutôt il vivotait.

 

                    Les espaces infinis n'étaient pas pour lui.

 

                    Les rêves non plus.

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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 16:22

P2160053.JPGJe retrouve cette photo

venue de je ne sais où

 

Des souvenirs affleurent à ma mémoire...

 

Il y a quelques années, j'allais voir régulièrement une vieille dame esseulée

dans sa maison de retraite

où elle émerveillait les personnes soignantes par sa douceur

et ses merci qui pleuvaient comme une bonne pluie sur tous ceux qui l'approchaient...

 

Quand j'arrivais dans sa chambre,

bien sûr, je l'embrassais avec le plus de tendresse possible...

Elle voyait mal, elle entendait mal,

il n'y avait plus guère que par le toucher que l'on pouvait entrer en contact...

Et elle me disait avec un air ravi,

comme si je lui avais fait le plus beau cadeau du monde:

"Oh! ça, ce n'est pas  un bisou de promenade, c'est un vrai"

 

Et elle prenait mes mains dans les siennes en disant:

"Je réchauffe vos mains et, comme ça, vous pourrez aller réchauffer les mains d'une autre, à votre tour"

 

Et ainsi se déroulait la rencontre

et j'étais profondément émue

et je le suis encore en pensant à elle...

 

Qui apportait le plus à l'autre?

Je crois bien que c'est elle

qui, dans son dénuement,

avait encore si vif le souci de l'autre....

 

Elle s'appelait Claire

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12 janvier 2013 6 12 /01 /janvier /2013 14:52

 

Tout ce qu'elle voulait , elle, c'était simple.

 

Elle voulait trouver le docteur qui lui promettrait d'éloigner la mort.

 

Peu lui importait la vie qui lui était promise : bancale, étriquée, réduite..;pourvu que la mort ne

 

s'approche pas.

 

Elle était prête à lui donner tout ce qu'elle avait à celui qui lui donnerait cette

 

assurance....mais il n'y avait personne ... et elle s'en désolait...Pourtant, se

 

disait-elle, avec tous les progrès que la médecine avait faits, cela devait être possible...

 

Il y avait chez elle toute une table recouverte de fioles diverses qui devaient la protéger des

 

microbes et autres bactéries et elle en prenait consciencieusement tous les jours et voulait même les

 

partager avec les rares personnes qui venaient la visiter....Elle insistait même comme si , en

 

protégeant ceux qui l'approchaient, elle se protégeait elle-même...

 

 

Et dans sa recherche éperdue d'éloigner la mort, elle en oubliait de vivre

 

le beau moment d'aujourd'hui .

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21 décembre 2012 5 21 /12 /décembre /2012 10:20

Elle était jeune,

 

Elle était belle

 

Joliment maquillée

 

Elle était caissière

 

Sur son visage

 

Pas même l'esquisse d'un sourire.


 

Pas un regard

 

sur les personnes qui passaient devant elle pour payer leurs achats.

 

 

Elle était ailleurs

 

Elle s'ennuyait

 

Elle n'avait rien à faire ici.

 

Ici était un robot qui avait pris son apparence

 

Un robot ne peut être ni beau ni aimable

 

Un robot, c'est froid et fonctionnel.

 

 

Que n'ai-je su lui parler et la regarder

 

lui découvrir un sourire

 

et lui rendre sa beauté ?

 


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9 décembre 2012 7 09 /12 /décembre /2012 11:54

Regrettera-telle le temps de sa jeunesse

 

où dure et pure elle s'en allait

 

privée de sens et d'émotions

 

privée d'elle-même

 

avec pour seule armure

 

un idéal, une étoile inaccessible,

 

que de tout son être pourtant

 

elle voulait toucher?

 

 

Regrettera-t-elle ce temps

 

ou choisira-t-elle enfin

 

de ressentir ce qui fait mal,

 

de reconnaître sa blessure?

 

Ainsi pourra-t-elle se réjouir

 

aussi de ce qui est bon à savourer?

 


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4 novembre 2012 7 04 /11 /novembre /2012 05:00

Elle aimait explorer les gouffres.

 

Non, ce n'est pas qu'elle aimait cela,

 

C'est seulement que les gouffres l'attiraient, l'hypnotisaient

 

Et elle se trouvait dans ces gorges étroites et vertigineuses sans l'avoir vraiment voulu ni désiré.

 

Elle se demandait même quelle idée saugrenue elle avait eu de se diriger,  alors que rien ne semblait l'y contraindre, en des lieux aussi inhospitaliers.

 

Néanmoins, qu'elle aime ou n'aime pas, que ce fut son choix ou celui d'un autre, il lui fallait, à chaque descente, trouver en elle une source  vive pour retrouver l'air pur et le ciel bleu au-dessus de sa tête, cela lui demandait une énergie violente...

 

Et il lui semblait que c'était toujours le même gouffre qu'elle explorait, un gouffre sans fond...et plus elle allait profond, plus l'angoisse de ne pouvoir remonter devenait monstrueuse...

 

Et le dégoût de tant d'énergie dépensée en pure perte et pour rien...

 

Si seulement elle trouvait le sens de ce labeur incessant, de ces expéditions aventureuses,

elle cheminerait apaisée, soucieuse d'accomplir sa tâche et fière de l'avoir accomplie;

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8 octobre 2012 1 08 /10 /octobre /2012 00:00

La place était très grande.

Nous avancions vers l'église...Il y avait des personnes aux terrasses des cafés.

D'autres, comme nous se promenaient et découvraient la ville ou faisaient leurs courses dans le centre tout proche.

Tout semblait paisible..

.Soudain des cris...Peut-être des enfants , pensons-nous d'abord...Mais nous n'en voyons pas et puis c'est une voix unique que nous percevons...on dirait quelqu'un qui harangue la foule mais il n'y a pas de foule...des gens dispersés seulement...nous remarquons que plusieurs personnes regardent dans la même direction et sourient d'un air gêné...Enfin nous la voyons.

Elle a de longs cheveux noirs, elle est pieds nus et elle hurle des insanités à  des êtres qu'elle est seule à percevoir.

Sa colère est grande mais nous ne savons pas à qui elle s'adresse, sans doute au monde entier...Nous la laissons à ses divagations...

Nous la retrouvons , un moment plus tard , de l'autre côté, sur la grande avenue.

Elle a attaché ses cheveux sur le sommet de sa tête et elle fait du stop... Elle se lance au devant des voitures qui font un détour pour l'éviter...Elle s'est un peu calmée..;mais , comme personne ne la prend, elle reprend sa harangue...

Heureusement la circulation est assez dense et les voitures roulent lentement...

Où est-elle à présent?

S'est elle apaisée?

Est-elle revenue à un comportement moins inquiètant?

Son image ne me quitte pas...

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