"Dehors il fait très beau
Si je regarde en moi."
Guillevic
( 1988 )
"Dehors il fait très beau
Si je regarde en moi."
Guillevic
( 1988 )
"Cela ne va pas de soi de se poser, et pourtant nous sommes aussi des êtres d'intériorité.
Si nous ne nous posons pas, nous risquons de perdre la tête, le sens de la vie, de ne plus être attentifs à ces petits riens qui embellissent les jours mais qui sont fugaces : un sourire, un paysage, un geste, le mot juste....
Grâce au repos,à ce temps laissé pour se retrouver , peut-être trouverons-nous le ton juste pour parler à un conjoint, à un enfant, à un ami ou le bonheur d'un livre qui fait du bien.
Le repos, c'est aussi pouvoir déposer les armes, nous défaire un instant de tous nos rôles nécessaires à la vie sociale, sans crainte de l'autre."
Véronique Margron
Au réveil ,hier matin, j'écoute la radio, et j'entends ces deux phrases que je reçois comme si elles m'étaient spécialement adressées
Tout va bien, me dis-je, je suis sur le bon chemin.
Et j'entends le rire de Christian Bobin, il est très contagieux, ce rire, comment ne pas rire avec lui !
Il en est qui rêvent tant et tant
qu'ils en perdent le contact avec la réalité.
J'en connais un qui s'achète un bateau et le dépose dans son jardin.
La mer est loin. Néanmoins, il le garde précieusement ce bateau qui, peut-être, ne voguera jamais
mais qui lui permet de mieux imaginer toutes ces belles traversées dont il rêve, sans les faire.
Cela rapproche son rêve de la réalité.
Cela fait dix ans qu'un autre parle à sa compagne
du bel escalier qu'il va construire
dans la maison qui est sienne à la campagne
mais qu'il ne peut encore habiter
tant elle manque de confort.
Il n'a pas le temps de faire les travaux,
peut-être pas la force non plus
mais, cette maison, il ne s'en séparera pas
car elle alimente son rêve.
J'en connais un autre qui ne rêve jamais
sauf quand il dort.
Et même encore, ce qui est trop dérangeant, il s'empresse de l'oublier...
Quand il est réveillé, il s'accroche à ce qu'il voit,
à ce qui est à sa portée.
Il a les deux pieds sur la terre ferme,
ils sont même,dirai-je, bien englués dans la boue.
Hors de question qu'il s'envole,
qu'il s'évade dans un rêve irréalisable.
Lui, il sait se contenter de ce qu'il a..
.Mais son habit a une odeur de retréci
et distille un certain ennui teinté de gris.
Et voila que parmi tous ces rêveurs et non rêveurs
passe la jeune fille
presque une enfant encore
avec, dans ses mains, une boîte à rêves...
Elle ne les donne pas
à qui n'en veut pas.
Ce serait richesse perdue.
Mais elle les expose, elle les fait luire au soleil
Et parfois , de lui-même, un rêve prend son envol
et se dépose dans la main de qui en a besoin
et qui, s'il est un vrai sage,
va marier ce rêve avec sa réalité.
Et l'un et l'autre emmêlés,
sa vie va devenir plus vibrante,
plus enivrante, plus vive, plus douce,
plus ouverte à tout ce qui vit autour de lui.
" La vie quotidienne nous berce dans la croyance qu'il existe une grosse différence entre la joie et le chagrin.
Nous ne remarquons pas que la vie, comme la musique, est pleine de menus changements où, en un instant, la joie peut devenir mélancolie, la lumière, crépuscule.
Un demi-ton suffit , et les couleurs changent, les conversations se taisent, la musique entière se transforme."
Axel de Bo Carpeland
C'est tout à fait ce que je ressens moi-même.
En être conscient évite de se croire malheureux alors que c'est seulement un nuage qui passe.
Et cela ne nous empêche pas de voir le ciel bleu à côté.
Dire oui à la vie comme Antigone nous y convie
Dire non à ce qui détruit, à ce qui limite trop, à ce qui ternit,
bien évidemment, en théorie nous sommes d'accord...
Mais peut-il y avoir une vie où il n'y a que des "oui "?
Peut-il y avoir une vie avec seulement des"non" ?
Dire oui à la Vie,
c'est savoir dire non
à ceux qui nous empêchent d'épanouir
la fleur secrète qui est en nous?
c'est savoir dire non
à ceux qui obstruent la source ,
à ceux qui empêchent que tout
devienne fluide et vivifiant.
Dire oui à la Vie
c'est l'accepter, c'est l'aimer
même quand tout va mal...
C'est savoir qu'il est des passages obscurs que l'on ne peut éviter
pour accéder à la lumière,
savoir que la seule façon d'en sortir,
c'est de les traverser
pour découvrir des ailleurs plus colorés.
Les"non" ne sont là parfois
que pour permettre, pour soutenir
le "oui" essentiel...
Et de même c'est ce"oui"
qui, chaque jour, est à reformuler
qui permet de savoir dire "non"
C'est une vague continue,
c'est un flux incessant...
Pas de "oui", sans "non"...
Pas de vie sans mort.....
"Pour dire oui, il vous faut transpirer,
Remonter vos manches
et plonger les deux mains dans la vie
jusqu'aux coudes.
Il est facile de dire non,
même si dire non signifie mourir."
Jean Anouilh (Antigone)
"Cette légèreté qui vient à celui
qui ne craint plus de se perdre
n'a plus l'obsession du profit
n'est plus tributaire du refus et de l'acceptation
consent aveuglément à ce qui va advenir;
Faim de l'absolu
au plus brûlant de ce qui ronge
tuer cette faim
car c'est elle qui t'empêche d'accéder
à ce qui pourrait l'assouvir." Charles Juliet
"La sagesse orientale dirige son regard vers le dedans,
la science occidentale regarde vers le dehors.
Mais quand on regarde le dedans de la même manière que le dehors,
on fait de l'intérieur un extérieur"
Maître Zen Daisetsu SusuKi
( Pour la petite Fabrique d'Ecriture )
Se fondre dans le décor
jouer au passe-muraille
"Voilà un thème qui me convient tout à fait, pensa-t-elle, je n'ai fait que ça toute ma vie"
Elle n'a tellement fait que ça qu'elle ne trouve aucune histoire à raconter tant l'habitude est ancrée en elle, tant elle ne sait faire autrement.
Est-ce une vie de rêve
ou seulement
une vie rêvée,
une vie de passe-muraille?
Elle est là sans être là,
elle est ailleurs;
ailleurs c'est bien plus beau
Tout le monde le sait.