Il en est qui rêvent tant et tant
qu'ils en perdent le contact avec la réalité.
J'en connais un qui s'achète un bateau et le dépose dans son jardin.
La mer est loin. Néanmoins, il le garde précieusement ce bateau qui, peut-être, ne voguera jamais
mais qui lui permet de mieux imaginer toutes ces belles traversées dont il rêve, sans les faire.
Cela rapproche son rêve de la réalité.
Cela fait dix ans qu'un autre parle à sa compagne
du bel escalier qu'il va construire
dans la maison qui est sienne à la campagne
mais qu'il ne peut encore habiter
tant elle manque de confort.
Il n'a pas le temps de faire les travaux,
peut-être pas la force non plus
mais, cette maison, il ne s'en séparera pas
car elle alimente son rêve.
J'en connais un autre qui ne rêve jamais
sauf quand il dort.
Et même encore, ce qui est trop dérangeant, il s'empresse de l'oublier...
Quand il est réveillé, il s'accroche à ce qu'il voit,
à ce qui est à sa portée.
Il a les deux pieds sur la terre ferme,
ils sont même,dirai-je, bien englués dans la boue.
Hors de question qu'il s'envole,
qu'il s'évade dans un rêve irréalisable.
Lui, il sait se contenter de ce qu'il a..
.Mais son habit a une odeur de retréci
et distille un certain ennui teinté de gris.
Et voila que parmi tous ces rêveurs et non rêveurs
passe la jeune fille
presque une enfant encore
avec, dans ses mains, une boîte à rêves...
Elle ne les donne pas
à qui n'en veut pas.
Ce serait richesse perdue.
Mais elle les expose, elle les fait luire au soleil
Et parfois , de lui-même, un rêve prend son envol
et se dépose dans la main de qui en a besoin
et qui, s'il est un vrai sage,
va marier ce rêve avec sa réalité.
Et l'un et l'autre emmêlés,
sa vie va devenir plus vibrante,
plus enivrante, plus vive, plus douce,
plus ouverte à tout ce qui vit autour de lui.