Le blog de gazou

  Ce dimanche après-midi,nous allons voir un spectacle déambulatoire dans les rues de Romans,d'après les mémoires de Maurice Javelot,ouvrier coupeur romanais

Né en 1914,entré à l'usine à 12 ans,cet ouvrier de la chaussure a étéune figure marquante du syndicalisme local et c'est d'après ses mémoires que le spectacle a été conçu.
Le comédien qui incarne Maurice Javelot a gardé sa gouaille et son langage imagé et plein d'humour.Une comédienne incarne tantôt une voisine, tantôt une ouvrière et interprète quelques chansons qui résonnaient à cette époque dans les ateliers.et qui montrent le courage incroyable des ouvriers...Comment ont-ils pu survivre à des conditions de travail aussi dures et comment ont-ils eu le courage de se révolter?Maurice Javelot aurait pu devenir patron mais il n'a pas voulu se désolidariser de son milieu et,quoi qu'il en coûte,il est resté ouvrier.
C'est une période de l'histoire de notre région qu'il ne faut pas oublier...J'ai aimé la grande proximité des comédiens avec le public..qui parfois intervient...
-Oui,c'est bien comme cela que ça se passait,approuve un ancien ouvrier.
Le spectacle terminé,les gens n'ont pas envie de s'en aller,ceux qui ont connu cette époque éprouvent le besoin d'en parler avec ceux qui se trouvent à côté d'eux...Oui,le théâtre est bien une aventure à partager.

  C'était,il y a 20 ans,mais je m'en souviens bien...Parce que nous avions lié des liens d'amitié avec Juan et que c'était lui,le metteur en scène de ce spectacle,nous étions partis,une pleine voiture pour aller le voir...Après un petit moment d'incertitude et de malaise,(oh!si j'étais déçue,comment oser lui dire à la sortie) je me laisse entièrement envahir par le flot d' émotions et d'impressions que les acteurs suscitent en moi.Chacun incarne différents personnages et tour à tour devient Piaf...J'ai beaucoup aimé lorsque Juan joue Piaf noyant son chagrin dans l'alcool à la mort de Marcel Cerdan...et lorsqu'il croit reconnaître dans une bourgeoise qui prend le métro une ancienne collabo et se  met à l'apostropher violemment et aussi lorsqu'une femme s'étant évanouie,il se remémore tous ceux qui(dans les camps où il est revenu) se levaient le matin comme si tout allait bien...et puis tout à coup s'affalaient pour ne plus se relever...Il joue avec ses tripes et c'est très beau.Il est aussi très bon dans le rôle du jeune fiancé qui est tellement ravi de bonheur qu'il embrasse la poinçonneus e et le clochard.
  Ces deux derniers sont remarquables de naturel...Et c'est avec le même naturel que la poinçonneuse  incarne la petite ouvrière bougonnante mais bon coeur et se nourrissant de romans photos...ou la pute railleuse...C'est toute la vie des gens avec ses joies et ses souffrances,ses grandeurs et ses bassesses....oui, c'est la vie qui est magnifiée  dans ce spectacle pétri d'humanité.
  Je pleure d'émotion comme jamais je n'ai pleuré au théâtre...Au retour,je chante...Joie et douleur sont toujours mêlées...Je rêve de pouvoir,comme la poinçonneuse de métro du spectacle,être l'ouvrière bien pensante ou la prostituée avec tout autant de justesse...Pouvoir incarner n'importe quel personnage,celà me paraît merveilleux!C'est quand même trop triste de n'avoir qu'une seule vie...Je vudrais ressentir intimément ce que peut ressentir chaque être humain.

Un samedi soir,il y a peu,sollicités par le mail d'une amie,nous partons dans un petit village, à un dizaine de kilomètres de chez nous...Il y a du théâtre,nous a -t-on dit et c'est une bonne troupe...Il pleut à verse...Nous voilà une quarantaine de personnes,installés sous le préau de l'école...
    Le décor est installé malgré la place un peu exigue..Nous attendons! sait-on jamais?quelques retardataires peuvent arriver...C'est l'institutrice qui tient la caisse et elle en profite pour vendre le jeu de cartes qu'elle a réalisé avec ses élèves (bravo les enfants et la maîtresse)
    Enfin ça commence.Dès le début,nous sommes subjugués par les acteurs (amateurs mais pro quand même),par  leur présence, leur drôlerie...La pièce dure  1heure 50...Pas un instant d'ennui,c'est un enchantement.Ils nous amusent et cependant nous portent  à réfléchir  car l'histoire est toujours d'actualité,les dictateurs sont toujours prêts à fleurir si on les laisse faire et nous connaissons tous,à certains moments ,la tentation de nous soumettre car celà donne une illusion de sécurité.
    Il s'agit d'une pièce de Evguéni Schwartz "Le dragon"...Elle ne fut jouée qu'une seule fois du vivant de l'auteur à cause de la censure...Mais depuis 1962 où elle a été rejouée,son énorme succès ne s'est pas démenti.
    L'argument.:.une ville souffre depuis 400 ans sous la tyrannie d'un cruel dragon.Un chevalier errant,Lancelot, tue le dragon.Mais la population,habituée à la servitude,se laisse écraser par une nouvelle oppression.Et Lancelot devra à nouveau intervenir .
     Il faut peu de chose pour faire une bonne soirée: une association villageoise,un préau d'école,une troupe amateur,quelques spectateurs...et quand même un bon texte et un bon auteur...C'est peu et c'est beaucoup...Mais quelle bonne surprise,ce soir -là!

A quoi sert un mur d'escalade?A escalader,pensez-vous et à rien d'autre...Erreur..Sur un mur d'escalade,tout est possible...C'est ce que nous a montré Carole,équilibriste au Trans Express...Pendant une petite heure, nous l'avons vu dormir,chanter, faire des glissades,faire des cabrioles,déclarer sa flamme ,se suspendre la tête en bas...enfin tout ce que vous et moi faites quotidiennement les deux pieds sur la terre ferme,elle,Carole le fait sur son mur,à croire qu'elle y passa le plus clair de ses journées et de ses nuits pour y être aussi à l'aise...Non seulement elle est d'une souplesse et d'une dextérité extraordinaires mais c'est un clown étonnant...Les petits enfants n'ont pas résisté et leurs rires ponctuaient le spectacle...Tout celà donne à rêver et c'est bon.