"Pour rencontrer l'espérance, il faut être allé au-delà du désespoir;
Quand on va jusqu'au bout de la nuit, on rencontre une autre aurore."
Bernanos
"Pour rencontrer l'espérance, il faut être allé au-delà du désespoir;
Quand on va jusqu'au bout de la nuit, on rencontre une autre aurore."
Bernanos
"Oui, le silence est d'or
Me dit toujours maman
Et pourquoi pas alors
En fer ou en argent?
Je ne sais pas en quoi
Je puis être bien faite :
Graine de cacatoès,
M'appelle la préfète.
D'accord ! Je suis bavarde
Mais est-ce une raison
Pour que l'on me brocarde
En classe , à la maison.
Et que l'on me répète
Et me répète encore
A me casser la tête
Que le silence est d'or?
Est-ce ma faute à moi
Si j'ai dans la gorge,
Un petit rouge-gorge
Qui gazouille de joie ?"
Maurice Carême (Fleurs de Soleil)
Il y a bientôt cinq ans que j'ai écrit ce texte mais rien n'est changé, semble-t-il,
s'il n'y a pas les mots écrits, il me semble me perdre dans l'irréel...
D'autres ont besoin de faire quelque chose avec leurs mains,
ont besoin de décorer leur maison
ou besoin de jardiner ou de peindre ou de sculpter la terre
ou le bois
ou le marbre
ou...
Peu importe
L'essentiel est que ce soit fait avec amour et modestie....
Je bâtis peu à peu une maison de mots
et cela me rassure,
me fait accepter
avec moins de frayeur
mon intense fragilité...
Peu importe la valeur objective de ces mots,
ils peuvent paraître pur néant pour certains,
mais pour moi,
ils sont essentiels,
preuve que je suis là...
J'ai besoin de ces traces pour croire en moi,
pour acquérir un peu d'épaisseur,
pour découvrir mon chemin intérieur
et, à petits pas et à grands pas, qu'importe
m'acheminer vers ma demeure.
Il y a des gens qui se construisent des barrières
pour se protéger,
pour ne pas souffrir,
mais à l'intérieur ils sont en prison,
ils en oublient le souffle de la liberté.
Toute parole vraie et toute vision claire de la réalité,
par eux, sont bannies
car elles pourraient détruire leurs barricades.
Ils prefèrent vivre un semblant de vie
et rester derrière leurs protections illusoires....
Alors que faire si on les aime,
si l'on veut tenter une relation authetique avec eux?
Parler vrai ou se taire ,
Parler vrai et risquer de les terrifier
et de les voir construire des barrières plus épaisses?
Parler vrai sans doute
mais d'abord les rassurer
pour qu'eux-mêmes ouvrent quelque percée dans leurs barricades
et s'ouvrent à une vie plus profonde
où ils deviendront conscients d'eux-mêmes
et donc des autres.
J'étais dans mon lit
Et mon lit devint une barque
Et la barque prit son envol
Et atteignit les nuages.
Je ne savais plus où je me trouvais
Sur terre, sur mer ou dans les airs.
Enveloppée de brume
Etais-je au-dedans ou au dehors?
Etais-je en mouvement?
Etais-je immobile?
Je ne le savais pas.
Etais-je dans un ailleurs lointain
Ou , au contraire, au plus intime de moi?
Je ne le savais pas.
Tout ce que je savais,
C'est que j'étais merveilleusement bien
Comme si j'avais enfin trouvé mon vrai chez moi.
Le sourire au coeur
Je savais que j'allais écrire....
Il suffisait de laisser couler les mots.
(Pour la petite fabrique d'écriture)
Il est des silences de toutes sortes.
Celui que je cherche à travers l'écriture est un lieu caché où je ressens une joie profonde.
Mais il en est d'autres qui ressemblent davantage à une colère rentrée ou à une chute dans l'abîme. Des silences qui nous recroquevillent, qui nous font nous replier dans des coques vides.
Des silences stériles.
Et des silences actifs,
des silence prière.
Des silences angoissants
et des silences limpides.
Des silences de vérité
et des silences d'hypocrisie.
Un même mot peut exprimer des choses opposées.
Tout est lié.
On ne peut séparer le bon grain de l'ivraie
Mais on peut tenter d'avoir une vision claire.
Je lis ce petit billet de Alain Rémond
et je trouve qu'il va tellement bien avec mes réflexions actuelles sur les mots que vous en fais part.
Cette semain, la télévision nous a présenté un film documentaire de Yves Rénier. : " Médecin-chef à la Santé"
Il s'est inspiré du livre de Véronique Vasseur où elle nous raconte la vie dans les prisons françaises (c'était en 2000)
et c'est vraiment très dur....
Je ne peux pas en parler : je n'ai vu ni le film ni le livre....
Mais nous dit Alain Rémond, le présentateur de la télé présente le film et dit:
"Voilà pour ce joli film d'Yves Rénier"
Joli ! Joli ! Un film qui ne montre que des horreurs réelles, rien n'est inventé;
"Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde" Albert Camus
Suite à l'article de hier,
je partage avec vous ce poème que m'a envoyé gentiment une lectrice
La beauté des mots
De mon cœur, il s’exhale, en ce soir caressant,
Une extase infinie, une splendeur qui rôde
Aux mots de l’univers, aux adjectifs dansants,
Vertigineux éclairs, foudre dans l’émeraude.
Le mot est érudit ou naïf, il pétille,
Comme un verre de vin il nous grise et rend saoul,
Blatère ou bien roucoule, ou alors il babille,
Sans relâche il s’agrippe au venin de mon cou.
Le mot est innocent comme un fruit mûr qui sent,
Il est très coléreux quand sûr et grossier,
Il insulte son verbe à en perdre son sang.
Comme il est laid le mot quand il est outrancier.
Il éclate de l’ombre aux feux verts de l’amour,
Par les monts, les flots rouges, les orients brûlants,
En poupe sur le vent, entraîne ses toujours,
Piquant les grands ciels noirs de poignées de diamants.
Le mot en sa beauté demeure ma souffrance,
Mon envol, ma parure, mon tourbillon, ma lyre,
Tonnerre à l’éclair d’or ou sourde lancinance,
Le baiser de la nuit, du jour l’éclat de rire.
Il ondule en la plaine et dans les blés se cache,
Sur ses chevaux de feu il vole sur la mer,
Rattrape les torrents, s’abat comme une hache,
Enflamme l’océan, refroidit le désert.
Ô mot joli, chéri, de mon cœur le poison,
Va t-en, mon joli mot et sors de ta prison.
Février 2008
Et je partage avec vous aussi ces mots que Bernard Stiegler nous livre dans Philosophie Magazine...Il a découvert la philosophie alors qu'il était incarcéré à Toulouse pendant 5 ans..
"Au cours des premiers mois de cellule, j'ai compris que ce qui était intéressant était de ne pas parler - d'écouter ce qui se faisait entendre dans ce silence. J'ai fait une grève de la faim pour obtenir une cellule individuelle et, au bout de trois semaines, l'administration a cédé. Quand on fait silence , "ça" commence à parler. Et c'est là seulement que l'on dit des choses intéressantes. C'est dans cette situation que, pour la première fois, je me suis mis à étudier - avec passion. en prison, on décuple ses capacités de travail. Une fois passé l'examen d'entrée, je me suis mis à lire Saussure, mais aussi ses critiques, notamment Derrida, et c'est ainsi que j'ai rencontré la philosophie."
Ce matin, je retrouve ce passage de Anne Ancelin dans 'Le plaisir de vivre"
et je trouve qu'il fait écho au petit poème que j'ai écrit il y a deux jours
"...Sans répéter, comme Zazie, "Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire", phrase que l'héroïne de Queneau renvoie aux adultes, je dirai que les mots sont l'écume visible et audible des sentiments, le "bruit" des émotions, à qui sait les entendre, et que les chanteurs disent qu'il y a une énorme différence entre faire de la musique et chanter avec son âme....
Comme le corbeau, on se laisse berner par les belles paroles du renard, qui sait bien qu'il va en profiter, mais on se laisse charmer par ce qu'on entend et par notre désir de tranquillité.
La loi de la dissonance cognitive, mise en évidence par Léon Festinger, qui a poursuivi les travaux de Kurt Levin, montre bien qu'on est aveugle ou aveuglé et sourd à ce qui contredit notre manière de voir ou nous permettrait de remettre en question des décisions prises parfois trop rapidement, sous influence ou à la légère. cela explique bien la résistance au changement, l'une des plaies de notre époque." (pages 110-111)