Le blog de gazou

  Mon amie m'ayant invitée,me voilà donc partie à Sète et déjà revenue.

Mais comme ces petites échappées font du bien !

Sortir de la routine journalière, s'affonter tant soit peu  au nouveau, à l'imprévu.

Découvrir une ville que je connaissais peu...J'avais fait une halte une fois pour visiter le musée Brassens (très intéressant), une autre fois pour me promener dans le Cimetière Marin...et c'est tout

Cette fois-ci, nous nous promenons dans les rues, nous humons l'air de la ville, nous observons la foule...et elle est dense...car c'est la fête de la ville, c'est la Saint-Louis...et pour rien au monde les Sétois s'absenteraient à ce moment-là...certains reviennent exprès et dorment dans leur voiture la veille pour pouvoir assister aux joutes et avoir les meilleures places...D'autres, moins prévoyants ou moins passionnés, ne les verront que sur l'écran géant placé un peu plus loin sur le port et qui permet cependant de voir les  combats .

  Cette tradition vient du Moyen-Age...On raconte que les croisés, dans l'attente d'un embarquement, ont troqué leurs chevaux pour des barques et ont ainsi donné naissance à nos joutes nautiques il y a plus de 300ans.sport à part entière, ces tournois sont régis par des règles strictes, le but final consistant à mettre son adversaire à l'eau ..

                        C'est ainsi qu'il nous est apparu en descendant de voiture. /:à gauche le village et sur notre droite, cette maison bouquet de fleurs

Un peu émue quand même en arrivant un matin dans ce petit village d'Ardèche

que Jean Ferrat a rendu célèbre par sa seule présence.

Nous prenons un café sur la place de l'église,

En face de nous, trois grands panneaux sont affichés

qui nous redonnent les paroles de  trois de ses chansons...

Quand nous partons, les touristes commencent à arriver

nous passons devant le cimetière

il y a des gens autour d'une tombe

et c'est tous les jours ainsi

Il y a une exposition  sur lui

et une sur Jean Saussac qui fut maire de ce village et aussi sculpteur

il faudra que j'y retourne plus longuement

" On a allumé les lumières, la nuit tombe, la vie se métamorphose.

N'importe comment, il faut continuer à vivre.

Mon âme brûle comme si c'était une main physiquement;.

Je me cogne à tous les passants sur le chemen.

Ma propriété de campagne,

dire qu'il est entre toi et moi moins qu'un train, qu'une diligence et que la décision de partir, si bien que je reste sur place, je reste...

Je suis celui qui veut toujours partir et qui toujours reste, toujours reste, toujours reste -

jusqu'à la mort physique il reste, même s'il part, il reste,reste, reste."

                                                                         Fernando Pessoa

Ce matin-là, dès neuf heures, nous voilà partis.

En route vers le midi.

Nous faisons une  première halte à Saint-Gilles.

Petite ville du Gard, petite ville tranquille (quand les taureaux ne sont pas lâchés dans les rues)...

Il y fait bon vivre et prendre son temps....

Nous y avions fait une halte il y a une quinzaine d'années et j'en garde un très doux souvenir...

C'était alors une très vieille dame qui habitait à côté  qui nous avait fait visiter cette splendide église abbatiale du XIIème siècle et c'est avec une passion inégalée qu'elle nous en a commenté toute l'histoire...Je ne me souviens pas de ses propos, je me souviens seulement de la flamme qui brillait dans ses yeux pendant toute la visite, de l'ardeur avec laquelle elle nous en parlait. Je me souviens de la sérénité qui habitait ce lieu et, comme totu à coup, je m'étais sentie apaisée, délivrée de toute angoisse...Je n'avais plus peur, j'étais guérie...Et comme j'aimerais revivre un moment comme celui-là.

    Mais aujourd'hui, l'église est fermée, la vieille dame n'est plus là...

Nous allons nous asseoir sur un ban, au soleil, en attendant 14 heures...Puis nous y retournons...La porte est grande ouverte...J'aime cette voûte superbe...Nous découvrons  aussi la crypte où se trouve le tombeau de Saint gilles et une église souterraine qui a disparu sous les décombres pendant trois siècles et qui a été rendue au public au dix-neuvième siècle

  Sur la  photo au-dessus, c'est le petit square où nous avons attendu que deux heures sonnent...

Sur un banc, des habits bien pliés et repassés attendaient que leur propriétaire viennent les chercher...

Rien que de l'ordinaire en ce lieu...Mais c'est de l'ordinaire que jaillit  parfois l'instant de grâce qui va embellir la journée...J'admire l'allée de platanes non élagués et le mimosa en fleurs que l'on aperçoit dans le jardin en face...

Ici, vous voyez "la vis", c'est le vestige du mur nord de l'ancien choeur, cet escalier hélicoïdal du XIIème siècle, unique pour son époque, assurait le service interne de l'abbatiale

Il y avait des années que je me promettais d'y aller, des années que j'en rêvais...et le temps passait, passait, on ne sait pourquoi, il est toujours en train de courir...et le temps passait et je n'y allais pas...et voilà que l'occasion m'en est donnée... et , enfin, me voilà à Auxerre !

Mais qu'a-t-elle donc d'extraordinaire cette ville...rien...simplement , c'est la ville où Marie Noël a passé toute sa vie...

vous ne connaissez pas Marie Noël...ça ne m'étonne  pas, elle est si discrète, si peu m'as-tu vu...on a vite fait de l'oublier...

Bon, d'accord, la ville lui a érigé une statue...Mais Cadet Rousselle a la sienne aussi un peu plus loin...La ville a mis une plaque sur le mur de sa maison

C'est un hommage certes mais un peu ambigu et maladroit...car dire qu'il faut beaucoup souffrir pour être poète, ce n'est guère encourager les gens à la connaître,  ...C'est leur donner à croire que cette pieuse personne a sombré dans le dolorisme alors que, malgré une vie qui aurait pu paraître terne et monotone, elle a su exalter la Vie et s'en réjouir

Cette simple plaque, cette simple porte laissée intacte depuis sa mort en 1967 m'ont laissée songeuse...Je l'ai imaginée trottant menu, allant à la cathédrale toute proche où elle était assidue...ce qui ne l'empêchait pas, dans ses moments de révolte, de déclarer  tout simplement à Dieu :" Mon Dieu, je ne vous aime pas"

Depuis quand ne pourrait-on pas dire à ceux qui nous sont proches ce que l'on ressent ?

Son livre le plus connu et le premier publié, je crois, est "Les Chansons et les Heures"

Le dernier qu'elle ait publié , quelques mois avant sa mort, est "Le cru D'Auxerre" où elle dit de ses concitoyens qu'"ils n'étaient pas tout à fait comme les gens d'ailleurs, qu'ils avaient dans la cervelle une goutte de vin , une fantaisie...un génie même qui les avait menés, aux belles époques, à bâtir leur cathédrale pleine d'inspirés de ciel et d'enfer"