Le blog de gazou

Sur la branche d'un arbre

Je crois voir un oiseau

qui s'apprête à l'envol.

Mais ce n'est qu'une feuille

une feuille fanée

qui s'agite, qui tournoie,

qui offre sa dernière danse

avant la chute finale.

Mais qui la meut,

qui la rend si vive et gracieuse ?

Il n'y a pas de vent,

pas un souffle.

                                                                             flickr 

L'air est immobile

Et pourtant elle danse.

  Devant  vos réponses qui m'ont montré ,une fois de plus, à quel point un même texte pouvait être ressenti diversement par chacun de nous....j'ai relu, en entier, ce matin le petit livre de Jaccottet, espérant qu'un autre passage vous permettrait de mieux saisir la pensée  si riche et profonde de cet auteur.J'ai finalement décidé de vous envoyer le passage qui précède celui de hier..et merci pour tous vos commentaires qui me permetttent d'aller plus loin dans ma réflexion

"  J'allais donc une fois de plus m'échapper - dans ce verger qui m'avait fait signe, et dont le secret qui me résistait aurait fini par me sembler sacré -  quand je me suis heurté au-delà de l'ombre de quelqu'un qui ne vit presque plus que pour avoir peur et pour souffrir . Ce n'est pas un être imaginaire composé de mots effaçables ; c'est aussi l'image de ce que nous risquons d'être tous un jour, ce dont nous essayons de nous détourner . Cette ombre qui a toujours froid, même au soleil, ne m'a presque pas parlé, ne m'a rien reproché ; mais je me suis arrêté, inquiet, honteux, moi plein de rêveries sur les fleurs: faux sage, douteux juge, piètre vivant.....

  ...Dire : nous ne sommes que des instruments, imparfaits, dont le plus haut usage est de faire circuler de la lumière - contre l'obscurité qui semble fatalement l'emporter ;  et, dès lors, accepter que jusqu'au dernier moment, même à moitié détruit, notre être serve encore  encore à cet usage - de toute sortes de façons d'ailleurs, et pas seulement en "créant". Mais c'est l'effondrement des autres qui est insoutenable, et qui menace de nous détruire plus sournoisement; De faire paraître les mots plus coupables, ou odieux. De nous réduire, enfin, au silence....  (A travers un verger p.39et40)   Philippe Jaccottet

Les photos ont été prises ces jours-ci;.J'ai garé la voiture , au bord de la route et je n'ai pu résister à l'appel du verger mais je me suis contenté de le photographier , je ne l'ai pas traversé et je n'ai pu me perdre dans mes rêveres comme Jaccottet

                                             Même décharné

                                          il étonne par sa beauté.

                                          Il est au centre

                                          et les autres, les feuillus

                                          lui font une haie d'honneur.

  Hier soir je pars faire une petite promenade...Depuis que la chaleur est venue, j'ai négligé ce plaisir tout simple et m'en étonne...Le soleil couchant est toujours aussi beau et aussi nouveau...Je fais des kilomètres pour voir de beaux spectacles et je néglige d'admirer celui qui, tous les soirs, gratuitement, s'offre à nous..Quelle ingratitude !

  Ressentir  à l'intérieur de nous cette harmonie, cette paix, cette beauté que le ciel nous renvoie..est un bonheur délicieux et qui nous lave de tous les soucis du jour. Et je songe à cette Eugenia Guinsburg qui, à la veille d'un procès où elle risquait d'être condamnée à mort, est capable de s'émerveiller devant la grâce d'un arbre dont le vent agite les branches, capable de savourer ce petit bonheur donné dans l'instant et d'en être si fort marquée que, plusieurs années plus tard, elle le raconte dans ses mémoires..C'est une anecdote que j'ai entendue à la radio et qui me laisse songeuse..

Nous étions un bon groupe ce jour là...nous sommes rarement aussi nombreux..Mais cette ballade-là, cela faisait des mois  que nous en parlions...Nous avions décidé d'aller à Rochefourchat , la pluspetite commune du département puisqu'elle n'a qu'un seul habitant qui est évidemment  aussi le maire

Après deux heures de marche sur un joli sentier, nous arrivons dans un lieu insolite : une grande maison d'un côté, sans doute celle du maire..et de l'autre, l'église et son petit cimetière  et  l'ancienne école qui a été transformée en gîte

Nous nous installons dans le pré voisin pour le pique nique...

il ne fait pas encore très chaud ce jour-là mais, au soleil, la  pause est agréable.

Que s'est-il passé pour que ce village se trouve ainsi déserté?

S'il y a une église et une école, c'est bien qu'il devait être assez peuplé....

.Sur le mur du cimetière,cette surprenante inscription        

Est-ce que vous saviez, vous, qu'il existe un réseau des centres d'Art  contemporain Fantômes ?

Nous partirons sans avoir vu  le seul habitant du lieu..Il y a pourtant sa voiture devant chez lui qui l'attend  porte ouverte....

Les seules personnes que nous verrons, ce sont quatre jeunes qui passent en quad.

découvrir un lieu, quand on en a rêvé un certain temps, avant d'y aller, cela le rend encore plus magnifique.