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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 08:32

  C'était mon voisin de table. à présent il est reparti chez lui.

  Il me dit : "Le premier jour où je suis arrivé ici, je n'étais pas heureux...On me poussait dans une chaise roulante, ,j'avais honte,moi ! Et je me suis trouvé avec trois autres personnes à table et elles ne disaient pas un mot...Il y en avait un qui nous regardait par dessus ses lunettes et puis piquait le nez dans son assiette...J'ai passé trois jours sans parler..Puis un jour, j'en ai sorti une et toput le monde s'est mis à rigoler et à parler....Et maintenant, je vais retourner chez moi, mais je ne suis plus le même homme, j'ai toujours envie de rigoler...J'ai acheté un paquet de nougats pour les infirmières, pour leur gentillesse à supporter mes gaudrioles..."

   Il était content de rentrer chez lui, certes,mais  quand même un peu nostalgique du temps passé ici....ce temps qui lui avait permis de se retrouver...

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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 08:25

 C'est avec tant de conviction et d'enthousiasme

   qu'elle envisageait ce qu'elle serait devenue dans dix ans, dans vingt ans

    Que...moi l'écoutant,

      je sentis naître en moi

       une joyeuse envie de vivre

           encore quelques années

                      pour partager son bonheur.

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29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 08:42

  "Je me retrouve, vingt ans plus tard, exactement  dans la même atmosphère de ravissement qui m'a vu revenir à la vie une première fois en 1989. Je touche à la béatitude et à une sensation de liberté très intense. Je lâche prise, je fais confiance. Je vois d'ailleurs ce"lâcher-prise" comme un facteur essentiel de retour à la santé. Il représente un saut en dehors du moi poreux et sans cesse soucieux de son image et de sa survie. Pour une deuxième fois dans ma vie, je deviens indifférent au fait de mourir ou non de ce que j'ai. Fait rare dans une existence, la peur de la mort me quitte entièrement J'atteins un état essentiel de légèreté. Je me dis que, si ce que je pense est juste, si mon organisme a encore la capacité de se régénèrer, mon corps suivra. Car, du point de vue d'une approche globale, qui vise la guérison d'une vie, on peut mourir guéri même si l'on meurt de ce que l'on a. Cette conviction s'inscrit en moi en ces journées de joie profonde.

  Je comprends alors que mon principal médecin sera ce qui simule en moi la joie de vivre. Oui, voilà ce qui va m'aider. Car véritablement, c'est la joie qui guérit."  

                                                              Guy Corneau

 

 

Hier soir, je lis ces lignes...Je n'ai pas connu, de façon aussi profonde, un tel état...mais parfois, je l'ai touché du doigt, je l'ai approché, je sais que c'est vers cela que je dois approcher...Et je retrouve courage en le lisant

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28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 08:45

  J'ai bien dormi cette nuit et le vent s'est apaisé...La journée s'annonce       bonne et légère,délivrée de cette lourdeur que j'ai connue la veille tant la fatigue était pesante.

  Dès le matin, je reçois deux coups de fil dont l'un est tout à fait inattendu, puis un SMS lui aussi inattendu...Les amis eux aussi ont leurs soucis : elle, c'est la mort de sa belle-mère qui l'a obligée à partir, l'autre a subi une petite intervention qui ne s'est pas bien passée et cela a mobilisé toutes ses forces vives; une autre encore doit accepter el départ de son ami...

  Et moi, je me sens entourée d'affection, d'attention...et je me sens et je me veux ouverte et compatissante...

Et je comprends que cela n'est pas si difficile quand on a le coeur apaisé...Je souris intérieurement à tous ceux que je rencontre alors qu'en d'autres temps, j'aurai mal supporté le caquetage incessant de celui-là et ses plaisanteries pas très subtiles, l'extravagance de tel autre ou le renfrognement de celui-là

  Mais ici, ce n'est pas difficile car c'est l'attitude constante du personnel soignant naturellement aimable et cela déteint sur les patients qui tentent de faire de même.

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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 08:44

  Nous nous promenions dans les rues de Dieulefit.

  Une dame s'approcha de nous pour nous demander le nom d'un arbre en fleurs qui se trouvait dans le jardin  en face de nous...de belles fleurs roses...nous ne le savions pas...qu'importe !  Sa question n'était qu'une entrée en matière , une façon d'entrer en contact...Elle enchaîna aussitôt en parlant de la belle luminosité qu'il y avait ce jour-là et qui donnait un air de fête à la nature...

 

- "C'est que , nous dit-elle, je suis très sensible à cela car je suis peintre...

Je travaille aussi le piano ...et je viens de découvrir la guitare électrique...On peut la faire chanter comme une voix humaine et c'est fabuleux...Mes amis  qui jouent tout à l'oreille et ne connaissent rien au solfège ont joué avec moi hier soir, il était plus de minuit...Ils m'ont dit d'aller me reposer car je n'en pouvais plus....C'est que je dois me battre aussi contre un cancer à la hanche qui me tenaille et il ne faut pas que je lui laisse la place..."

 

  Puis elle nous quitta d'un pas alerte...cherchant peut-être plus loin un autre quidam à qui dire ses craintes et ses désirs et ce bouillonnement de vie qui était en elle et cette urgence qu'elle ressentait car peut-être le temps lui était compté..

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25 avril 2011 1 25 /04 /avril /2011 07:42

Ce qui manque

c'est un peu de vent

pour faire s'éloigner leur barque

de la rive

où elle s'envase et pourrit.

 

Ce qui manque

c'est un long voyage

pour les purifier

des salissures de la vie quotidienne

qui les réduisent

l'un et l'autre

au squelette d'eux-mêmes.

 

Ce qui manque

c'est

de pouvoir renaître

 

tout entier

vivant. 

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24 avril 2011 7 24 /04 /avril /2011 07:42

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"Et si un homme auprès de nous vient à manquer à son visage de vivant,

qu'on lui tienne de force la face dans le vent."

                                        

                                       Saint John Perse (Vents)

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 08:30

  C'est l'heure du repas : le pied-noir blagueur qui nous amusait de ses facéties est parti ce matin. Je reste avec mes deux compagnons de table : le kabyle et un jeune atteint de muscovicisdose...tous deux se taisent et moi aussi...Je voudrais bien engager la conversation mais rien ne vient...

  Akim s'installe , un peu plus tard, à la place vacante et , gêné par notre silence, demande :" De quoi parlez-vous?"

 

Je lui réponds :"moi, j'aime bien écouter et mes deux autres compagnons répondent de même...eux aussi, ils aiment bien écouter.

Alors, il nous dit : "si on est tous en train d'écouter, on ne va pas entendre grand chose, moi j'aime bien quand ça parle"

Et comme lui n'a aucune peine à parler de tout et de rien, il continue à parler...

Puis le kabyle répond sur son portable à sa petite fille, il lui parle en arabe puis il s'adresse à nous et nous dit : " c'est ma petite fille qui me souhaite un bon anniversaire, j'ai 78 ans aujourd'hui...Et il est tout content et nous aussi..de le voir sourire et quitter cette mine fatiguée qui le tient depuis hier et le rend quasi mutique.

  Et maintenat que la conversation est engagée, elle ne tarit plus...nous parlons des animations qui vont avoir lieu dans la maison, de l'enseignement..Evidemment, on a droit aux poncifs d'usage...c'était tellement mieux autrefois...

  Mais il a raison , le jeune Akim...Parler, partager, comme cela est bon...On commence parfois par des banalités et, soudain , un véritable échange a lieu et des liens se créent

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20 avril 2011 3 20 /04 /avril /2011 08:29

Lorsqu'elle est arrivée dans cette maison de réadaptation, elle était dans un si grand état de fatigue qu'elle n'en a qu'un souvenir confus.

Les premiers jours, elle passait son temps à dormir...

Peu à peu, les forces sont revenues, elle a pu prendre ses repas à table, avec les autres;

Elle a pu participer à quelques activités, un petit peu...

A défaut de parler, elle a pu écouter les autres "Je l'aime bien, cette dame, me dit-elle un jour, elle parle bien".

Bavarde, elle ne l'a jamais beaucoup été, même quand elle allait bien...mais écouter les autres, cela lui convient..

Peu  à peu cependant, elle se livre un peu :"Vous rendez compte, je suis là depuis le 20 février...Il va falloir que je me réadapte à la maison, à mon lit..Ici, j'ai pris l'habitude de m'endormir avec la lumière..Mon mari, ça va le gêner...Et puis ils me disent que je pourrai faire mon ménage mais, moi, je ne sais pas si j'aurai le courage, je suis si vite fatiguée...Mais il faut bien que je m'en aille..Ici, j'ai perdu tous mes repères..Je ne sais jamais quel jour on est ,ni quel mois"...Et elle égrène ses craintes...partagée entre le désir de partir et la peur de cette nouvelle vie à la maison...Saura-t-elle se réadapter ?

Vient le grand jour....On vient la chercher ce matin...Elle a le sourire. La joie est plus forte que la peur.

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19 avril 2011 2 19 /04 /avril /2011 07:56

Il a la peau très claire

Rien ne laisse penser qu'il vient de là-bas,

de l'autre côté

de l'autre côté de la mer.

La première fois qu'il entre dans la salle de restauration,

il a pris soin de se parer d'une magnifique djellaba

afin que nul n'ignore

qui il est

ni d'où il vient .

Il avance

la tête haute,

simple et fier,

comme chacun devrait l'être.

Et c'est vrai qu'il a belle allure.

Ensuite, pour les autres repas, 

il se vêtira, à la française, comme les autres,

il n'a plus à montrer son identité

et il ne tient pas à se faire remarquer...

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