Le titre,déjà, m'avait intrigué..mais c'est l'article de Matheo qui m'a donné envie de lire ce livre de Andreï Makine..Et j'en suis heureuse...
C'est un livre où l'on nous parle, par petites touches , de"cette beauté insaisissable qui se crée et se recrée à chaque instant"....
C'est un livre où tout est impalpable, léger, subtil, où la simple vision d'une jeune femme tout entière absorbée par la pensée de son amour suffit à changer le cours de la vie du jeune homme qui l'aperçoit...
C'est un livre où, pourtant , l'on côtoie le tragique à chaque pas....
C'est un livre où il n'y a pas beaucoup d'espoir mais il n'est jamais désespérant car il y a beaucoup à aimer.
C'est un livre où la vie est embellie par les rêves forts qui animent les personnages : "
je gesticulais, m'enthousiasmant de plus en plus, tant ce rêve me paraissait, en paroles, proche et réalisable. Oui, une société fraternelle, un mode de vie excluant la hargne et l'avidité un projet qui fédérerait toutes les bonnes volontés, enchaînées pour le moment dans la petitesse de l'individualisme."
" Chaque pas, chaque regard avait désormais, pour moi, un sens nouveau, le reflet d'un monde transfiguré par le fait de s'aimer"
C'est un livre qu'il faut relire plusieurs fois...
Je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous un autre passage;
Il nous dit d'abord qu'il y a trois catégories de gens: les conciliants les ricaneurs , les révoltés, puis il ajoute
"Il y a aussi ceux qui ont la sagesse de s'arrêter dans une ruelle comme celle-ci et de regarder la neige tomber, de voir une lampe qui s'est allumée dans une fenêtre, de humer la senteur du bois qui brûle. Cette sagesse, seule, une infime minorité parmi nous sait la vivre. Moi, je l'ai trouvée trop tard, je commence à peine à la connaître....La beauté était là, dans cet instant égaré au milieu des saisons. Elle n'avait besoin que de ces coloris éteints, de la fraîcheur intempestive de la neige, de la poignante mémoire, soudain éveillée, de tant d'hivers anciens. Cette beauté se confondait avec notre respiration, il suffisait juste d'oublier ceux que nous croyons être."