Suite à l'article de hier,
je partage avec vous ce poème que m'a envoyé gentiment une lectrice
La beauté des mots
De mon cœur, il s’exhale, en ce soir caressant,
Une extase infinie, une splendeur qui rôde
Aux mots de l’univers, aux adjectifs dansants,
Vertigineux éclairs, foudre dans l’émeraude.
Le mot est érudit ou naïf, il pétille,
Comme un verre de vin il nous grise et rend saoul,
Blatère ou bien roucoule, ou alors il babille,
Sans relâche il s’agrippe au venin de mon cou.
Le mot est innocent comme un fruit mûr qui sent,
Il est très coléreux quand sûr et grossier,
Il insulte son verbe à en perdre son sang.
Comme il est laid le mot quand il est outrancier.
Il éclate de l’ombre aux feux verts de l’amour,
Par les monts, les flots rouges, les orients brûlants,
En poupe sur le vent, entraîne ses toujours,
Piquant les grands ciels noirs de poignées de diamants.
Le mot en sa beauté demeure ma souffrance,
Mon envol, ma parure, mon tourbillon, ma lyre,
Tonnerre à l’éclair d’or ou sourde lancinance,
Le baiser de la nuit, du jour l’éclat de rire.
Il ondule en la plaine et dans les blés se cache,
Sur ses chevaux de feu il vole sur la mer,
Rattrape les torrents, s’abat comme une hache,
Enflamme l’océan, refroidit le désert.
Ô mot joli, chéri, de mon cœur le poison,
Va t-en, mon joli mot et sors de ta prison.
Février 2008
Et je partage avec vous aussi ces mots que Bernard Stiegler nous livre dans Philosophie Magazine...Il a découvert la philosophie alors qu'il était incarcéré à Toulouse pendant 5 ans..
"Au cours des premiers mois de cellule, j'ai compris que ce qui était intéressant était de ne pas parler - d'écouter ce qui se faisait entendre dans ce silence. J'ai fait une grève de la faim pour obtenir une cellule individuelle et, au bout de trois semaines, l'administration a cédé. Quand on fait silence , "ça" commence à parler. Et c'est là seulement que l'on dit des choses intéressantes. C'est dans cette situation que, pour la première fois, je me suis mis à étudier - avec passion. en prison, on décuple ses capacités de travail. Une fois passé l'examen d'entrée, je me suis mis à lire Saussure, mais aussi ses critiques, notamment Derrida, et c'est ainsi que j'ai rencontré la philosophie."